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La controverse de l’expérimentation animale dans les cosmétiques.

Avr 25, 2023 | Cosmétique

L’utilisation d’animaux pour tester les produits cosmétiques est une pratique qui soulève de nombreuses préoccupations éthiques. Alors que certains affirment que cette méthode est nécessaire pour garantir la sécurité des produits avant leur mise sur le marché, d’autres dénoncent la cruauté infligée aux animaux et la validité scientifique de ces tests. Dans cet article, nous allons explorer les arguments en faveur et contre l’utilisation d’animaux pour tester les produits cosmétiques. Ainsi que les alternatives possibles à l’expérimentation animale.

Expériences sur les animaux, une histoire de longue date dans le milieu de la cosmétique.

Pendant des années, les cosmétiques ont été, et sont encore dans certains pays, testés sur des animaux, ceci souvent au prix de grande douleur et mort plus ou moins assurée.

« Cobaye » est toujours un terme couramment utilisé lorsqu’il s’agit d’évoquer des tests, expériences ou autres essais cosmétiques ou médicaux. Sa connotation est plutôt négative.

Dans les domaines cosmétiques et pharmaceutiques, les « cobayes » sont, la plupart du temps des mammifères (chats, chiens, souris, rats…), primate, oiseaux, des amphibiens (Xénopes, grenouilles d’Afrique du Sud, qui sont communément utilisées en laboratoire) et…. des humains.

Dépendant de la nécessité du test, la situation peut demander :

  1. de maintenir isolés les cobayes de chaque espèce,
  2. de faire durer l’inconfort et la souffrance des cobayes,
  3. de prendre en compte la probabilité que les cobayes testés peuvent perdre la vie.

Comment les tests cosmétiques sont/étaient-ils effectués ?

Pour tester et évaluer leurs produits les laboratoires utilisent les animaux.

  • L’effet de différentes formulations, telles que crèmes, gels, parfums, savons, shampooings, sur la peau et les muqueuses.
  • La probabilité d’une réactions allergiques ou autres suite au contact avec la substance contenue dans ces mêmes formulations.

Quelques exemples de tests pour l’industrie cosmétique :

Le test d’irritation oculaire :

  • But : déterminer si les substances susceptibles d’être appliquées autour ou à l’intérieur de l’œil peuvent causer une irritation ou des lésions.
    • Après application, les réactions de l’œil sont observées et notées : paupière tuméfiée, iris enflammé, cornée ulcérée, l’animal est-il devenu aveugle…

Le test d’irritation cutanée :

  • But : déterminer si les substances peuvent être localement irritantes pour la peau.
    • Le pelage de l’animal est rasé sur une surface. La substance à tester est appliquée sur la peau. Les effets sont observés durant les jours suivants – brûlures, rougeurs, cloques, etc…

La phototoxicité :

  • But : déterminer la réaction déclenchée par une exposition de la peau au soleil à la suite de l’application de certains produits chimiques, notamment présent dans les crèmes solaires.
    • Les animaux sont enduits de crème puis exposés sous des lampes UV jusqu’à leur brûler la peau

Les souffrances des animaux utilisés pour les tests de produits cosmétiques

Lors des expériences en laboratoire, les animaux sont immobilisés ou gardés dans des cages. Provoquant leur inconfort, leur stress et même des maladies chroniques et bien souvent leur mort.

Ces animaux passent donc leur courte vie confinés dans des cages lugubres. Ils ne connaissant que la lumière artificielle et les quatre murs d’un laboratoire.

Aucune illusion dans ces actes, les animaux sur lesquels les cosmétiques (idem pour la pharma) ont été testés ne sont plus en parfaite santé et/ou n’ont pas survécu. D’ailleurs qui supporterait l’application d’un mélange chimique inconnu corrosif sur la peau ?

Dans certains pays, comme la Chine, où les choses bougent lentement, ou encore dans certains Etats américains les tests sont toujours pratiqués principalement sur des lapins. Malgré de nombreuses campagnes d’information et des efforts pour changer la loi.

Le débat éthique sur l’utilisation de l’expérimentation animale dans l’évaluation de la sécurité des produits cosmétiques

Bien qu’il y ait une prise de conscience, de nombreux scientifiques pensent encore que l’expérimentation animale est la seule et unique méthode efficace pour évaluer la qualité et la sécurité des différents produits à mettre sur le marché, ceux-ci arguant qu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de tests alternatifs tout aussi efficaces que les tests in vivo.

Les opposants aux tests sur les animaux ont, eux, recours à des questions éthiques. En effet, quel serait notre droit à mettre en danger la santé et la vie des autres espèces vivantes ceci pour finalement notre propre intérêt et profit. De plus, sachant que la définition légale d’un produit cosmétique est

On entend par «produit cosmétique» toute substance ou toute  préparation destinée à être mise en contact avec certaines  parties superficielles du corps humain telles que l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres ou les organes génitaux externes ou avec les dents et les muqueuses  buccales en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les  protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger  les odeurs corporelles…

….Et de poser la question suivante,

Les cosmétiques, produits d’hygiène ayant l’art d’embellir sans transformer, étant par définition des produits superficiels dans leurs actions, nécessitent-ils tant de souffrance animale ?

Remplacement des tests sur animaux

Aux 19 et 20ème siècles, la plupart des entreprises de cosmétiques faisaient donc appel aux tests sur des animaux. Au 21ème siècle, les mentalités ont commencé à évoluer et des changements majeurs dans notre philosophie de considérer notre rapport à l’animal ont vu le jour :

Tout d’abord le développement des tests de remplacement en cosmétique :

  • in vitro : tests sur cellules humaines ou animales dupliquées artificiellement.
  • in silico : procédé par lequel une structure chimique est corrélée avec un effet bien déterminé comme l’activité biologique, la réactivité chimique et la toxicité. Cette corrélation est établie via des modèles mathématiques intégrés à des logiciels spécialisés.
  • Suntest : permet de simuler artificiellement et de manière accélérée le vieillissement des produits à la lumière

Les tests in vivo se pratiquent toujours et sont, dans les pays ayant interdit les tests sur animaux, effectués sur des cobayes humains, volontaires et parfois rétribués.

Depuis les années 2000

  • 2013 : en Europe, les cosmétiques sont interdits de tests sur les animaux. Depuis cette date, il est interdit de vendre ou de distribuer des cosmétiques ayant été testés sur les animaux. Des sanctions élevées s’appliquent également aux fabricants ou importateurs qui tentent de commercialiser des ingrédients interdits.
  • En 2014 cependant, la Commission européenne et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ont publié un communiqué commun indiquant qu’elles continuent d’exiger que les substances chimiques soumises à la loi REACH (Registration, Evaluation, Autorisation and Restriction of Chemicals) utilisées exclusivement dans les produits cosmétiques et auxquelles les employés des chaînes de fabrication pourraient être exposés soient testés sur les animaux. Certains ingrédients sont donc toujours testés sur les animaux : https://osha.europa.eu/fr/themes/dangerous-substances/reach 
  • En Corée du Sud, la loi interdit les tests sur les ingrédients et les cosmétiques depuis 2018.
  • 1er mai 2021 : la Chine a exempté les test sur animaux pour les produits dit « généraux ». Cela exclut toutefois teintures capillaires, les permanentes, les produits éclaircissants et antitaches, les écrans solaires, les produits contre la chute des cheveux et tous les produits revendiquant une « efficacité nouvelle ». Les marques devront fournir des certificats GMP (BPF) et une évaluation de la sécurité des produits.

Les tests sur animaux en Chine : une obligation pour les grandes marques de cosmétiques.

Bien que cela soit une bonne nouvelle, ces produits dit « généraux » peuvent encore et toujours être soumis à des tests sur les animaux et ceci après leur mise sur le marché. En effet, en cas de plaintes de clients ou de rappels de produits, il sera pratiqué des tests sur animaux. Par conséquent, une marque désirant importer ses produits en Chine accepte de facto que ses produits soient, le cas échéant, testés sur les animaux. Ensuite, seront toujours soumis à l’expérimentation animale.

  • les soins pour les nourrissons et enfants,
    • tout nouvel ingrédient cosmétique au cours des trois premières années de surveillance requise,
    • produits d’une entreprise qui a un notifiant de marque, ou une «personne responsable» ou un fabricant qui est une cible de surveillance clé de la NMPA (National Medical Products Administration)

Toutes les grandes marques qui exportent donc en Chine des cosmétiques autres que « généraux » ont l’obligation de pratiquer des tests sur animaux : L’Oréal, Lancôme, Estée Lauder, Avène, Procter & Gamble… et le marché cosmétique en Chine étant colossal, le profit prend le pas sur l’éthique.

A consulter :

https://www.hsi.org/ (chercher test cosmetics)

  • USA : il n’y a pas encore de loi fédérale sur ce sujet, la loi est donc dépendante de chaque Etat :
    • Décembre 2022 : New York est devenu le 10e État américain à interdire la vente de cosmétiques testés sur des animaux. New York rejoint ainsi la Californie, le Nevada, l’Illinois, Hawaï, le Maryland, le Maine, le New Jersey, la Virginie et la Louisiane.
  • Le Canada devrait, mi 2023, rejoindre la liste des pays ne testant pas les cosmétiques sur animaux

L’expérimentation animale et le marketing dans les cosmétiques.

Il faut aussi savoir que les marques n’hésitent pas à jouer avec l’image « nature, respect ». Ils utilisent le marketing pour mettre en avant leur côté Cruelty-Free, contre les tests ou encore préciser ne pas les pratiquer elle-même alors qu’elle n’aura aucun problème à payer pour qu’un tiers effectue ses tests sur les animaux.

Point intéressant, l’achat d’un cosmétique en ligne ne nécessite pas d’expérimentation animale.

Le problème des exceptions 

Bien que les choses bougent, il y a et aura toujours des exceptions qui ne sont pas concernées par cette interdiction. 

En effet, selon l’usage final du produit, certaines substance utilisée dans la pharmacopée et dans certaines industries, le sont également dans le domaine cosmétique.

Le 11 mars 2013, une communication de la Commission européenne au parlement et au Conseil précise l’interprétation de la législation. Au point 3.1, la Commission rappelle justement ceci : 

« La majorité des ingrédients utilisés dans les produits cosmétiques sont des ingrédients qui sont également utilisés dans de nombreux autres produits de consommation et produits industriels, tels les produits pharmaceutiques, les détergents et les denrées alimentaires, et l’expérimentation animale peut se révéler nécessaire pour garantir la conformité de ces produits avec le cadre légal qui leur est applicable. »

Les substances qui ne sont pas uniquement à usage cosmétique peuvent donc tout à fait être testées sur les animaux. Et ce point n’est pas anodin pour qui cherche des produits sans test sur les animaux.

L’ambivalence de l’être humain envers les animaux : entre droit d’utilisation et expérimentation animale dans les cosmétiques.

L’être humain est un être paradoxal arrivant à croire que les animaux sont à sa disposition et que l’exécution de tests sur animaux n’est pas une cruauté mais une nécessité…

  • L’Église catholique affirme que l’être humain, étant par essence différent du reste de la « Création », a le droit d’utiliser les animaux à sa guise.
  • L’homme étant un animal omnivore, il est donc légitime qu’il tue un animal pour se nourrir et se protéger.
  • En France et selon les chiffres du gouvernement, 2 millions d’animaux ont été utilisé en 2021 dans le cadre d’expériences.
  • En Suisse, en 2021, 574 673 animaux au total ont été utilisés dans des expériences.

L’inaction des gouvernements

Les gouvernements n’hésitent pas à mettre en avant le côté santé/ sécurité des tests, comme pour le Covid; Pourtant, ils n’hésitent pas à vivre dans un environnement où le risque est volontairement omniprésent :

  • Perturbateurs endocriniens : suspectés de contribuer à des troubles hormonaux et leurs conséquences (infertilité, puberté précoce, obésité, maladie thyroïdienne…). Jouent un rôle dans les malformations congénitales, cancers hormono-dépendants, et même troubles de l’immunité….
  • Pollution atmosphérique : 9 millions de morts dans le monde ondes
  • Electromagnétiques : on sait maintenant que les ondes de basse fréquence, de 0 à 10 kHz, peuvent stimuler les tissus nerveux et la rétine en cas de forte intensité. Les ondes entre 10 kHz à 300 kHz (radiofréquences) sont capables d’échauffer les tissus biologiques et de provoquer un effet thermique. En l’état actuel des connaissances, aucun lien n’a pu être mis en évidence entre exposition aux ondes des téléphones portables et impact négatif sur la santé des individus. Néanmoins, certaines études suggèrent une possible augmentation du risque de cancer du cerveau lors d’une utilisation très intensive des téléphones portables. Les radiofréquences sont d’ailleurs classées comme cancérogène possible par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
  • Cocktails de produits toxiques dont pesticides
  • Selon l’OMS 7 millions de décès/an dû à la cigarette
  • Ensuite, juste pour information, dans le monde en 2019 et selon le site https://www.l214.com/ , 1.380 milliards d’animaux ont été en 2018 tués pour l’alimentation humaine.

La perte du bon sens.

L’être humain a donc une capacité formidable à se détruire ainsi que son environnement. A exploiter les ressources naturelles à outrance et à s’approprier le droit de vie et de mort sur les animaux. Ceci, tout en croyant qu’il va survivre… Il semble avoir perdu le sens de la réalité, semble déconnecté du monde réel. Il va à l’encontre de tout bon sens en croyant que tout être vivant peut être sacrifié pour son bien être…

La position d’Escens contre l’expérimentation animale dans les cosmétiques

Escens à une position très claire et tranchée sur le sujet. Aucun test, ni ersatz de test ne sera effectué sur les animaux, ni avant, ni maintenant ni après… Sa fondatrice, Hélène Lopes étant végétarienne, cela irait à l’encontre de ses valeurs et de tout bon sens.

L’exploitation et la souffrance animal est donc totalement incomptable avec le fait de formuler des produits sains, efficaces et respectueux de l’environnement.

La cruauté envers les animaux est la violation d’un devoir de l’homme envers lui-même

Emmanuel Kant – philosophe (1724 – 1804)

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